“Nayola”, un film d’animation sur la guerre et la sororité
Date de publication
28 juillet 2022
Temps de lecture
2 minutes
Série
Festival d’animation Annecy 2022 (4/4)
Thématique
Culture & société
Déjà le dernier billet sur mon épopée au festival d’animation d’Annecy, édition 2022 ! Et pour clore cette petite série, je vous présente le dernier long-métrage en compétition que j’ai vu : “Nayola”. Quelle découverte ! Une véritable claque visuelle et émotionnelle. Avec un peu de recul, c’est celui que j’ai préféré. J’espère vous donner envie de le voir !
Nayola : les destins liés de trois femmes en Angola
L’Angola, colonisé par le Portugal depuis le XVe siècle, obtient son indépendance en 1975, après quinze années de lutte. La guerre froide et les tensions qui ont suivi entre les mouvements indépendantistes — le MPLA soutenu par l’URSS, et l’UNITA et le FNLA soutenus par les États-Unis — ont alors ouvert une guerre civile qui a duré vingt-sept ans.
Réalisé par José Miguel Ribeiro, le film « Nayola » raconte cette histoire à travers les destins croisés de trois femmes. Nayola, Yara et Lelana, respectivement mère, fille et grand-mère. Chacune joue son rôle dans l’histoire tragique de leur pays. Chacune pleure la perte d’un homme : un mari, un père, un fils. Et chacune regrette l’effritement du lien qui les rattache pourtant toutes trois.
Guerre, sororité et poésie
Le film allie violence et poésie. Les scènes de guerre, en flash-back, sont intenses. C’est incroyable comme l’animation arrive à représenter la brutalité ! Les images, les couleurs, les sons. Pas besoin de réalisme pour rendre l’effet d’un conflit acharné. J’en suis toujours bouleversée. Parallèlement à la dureté du contexte, l’histoire est aussi celle d’une passion amoureuse. Nayola déploie toute sa force et son courage à la recherche d’un mari parti à la guerre. Son périple est raconté avec poésie, à travers la tendresse des souvenirs, et la rencontre mystique avec un chien sauvage. C’est d’une grande beauté.
Toute la construction du film repose, par ailleurs, sur la sororité entre trois femmes qui se perdent et qui se retrouvent. Trois portraits très différents d’héroïnes courageuses luttant, chacune à sa manière, contre l’oppression politique qui les étouffe :
- Nayola brave les champs de bataille sans jamais se laisser décourager par ce qu’on lui dit.
- Yara conteste la censure par les textes incisifs de ses chansons.
- Lelana tente de protéger sa petite fille de la répression, mais aussi d’un lourd secret qu’elle porte seule sur les épaules.
Les hommes ne jouent qu’un rôle très secondaire. Et ça fait du bien, un film sur la guerre qui propose un autre point de vue que celui des soldats.
Une esthétique originale
La direction artistique est une véritable réussite. Elle mêle un dessin très graphique avec des plans parfois nébuleux qui se rapproche de la peinture. Cela permet d’opérer une distinction visuelle entre le passé (en 2D) et le présent (en 3D). Les couleurs jouent également un rôle important. La palette allie différentes teintes d’ocre et de vert. Elles évoquent à la fois la chaleur, la brutalité des rapports humains, et le souffle vital de la nature. J’aime beaucoup lorsque le parti-pris artistique est aussi affirmé. En l’occurrence, il apporte à l’animation une dimension artistique originale particulièrement intéressante.
Pour conclure, tout est réussi dans ce long-métrage ! Les images, le scénario, et même la bande-son : on retiendra la chanson emblématique et engagée de Bonga, « Mona Ki Ngi Xica ». Allez-y sans hésitation !
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