De chair et d’encre
Date de publication
23 janvier 2024
Temps de lecture
1 minute
Thématique
Création
C’était mon petit cadeau de Noël, de moi à moi-même : un stage de modèle vivant sur toute une journée. La thématique : travailler à l’encre. Je n’utilise jamais ce médium, c’était donc l’occasion d’essayer.
L’irréversibilité de l’encre m’intéresse. Une fois jetée sur le papier, elle ne s’efface pas. En cas d’erreurs, il faut faire avec. Ça impose la spontanéité, et ça force la créativité. Comment jouer avec une tâche toute moche mal placée pour qu’elle s’intègre harmonieusement dans l’ensemble ? Parfois, un loupé donne du caractère au dessin… mais pas toujours. Il faut alors simplement changer de page !
On a commencé par dessiner le modèle qui bougeait lentement, sans regarder notre feuille. Une manière d’échauffer le corps, de se concentrer uniquement sur le lien entre le regard et le geste, sans chercher à faire quelque chose de juste. Ça donne plusieurs pages de gros brouillons fouillis qui n’ont aucun sens. Petit à petit, le modèle s’est immobilisé plusieurs secondes, puis quelques minutes. Au fur et à mesure que les poses se mettaient en place, on regardait davantage ce qu’on dessinait, on traçait des formes un peu plus cohérentes.
Et puis on s’est attaqué au cœur du sujet. Le modèle posait alors avec des accessoires sombres, dont un sarouel au tissu ample et fluide ; tâche noire sur le papier à partir de laquelle dessiner le corps. J’ai essayé de signifier les plis du vêtement sans chercher la précision, de jouer avec le blanc de la feuille pour inviter la lumière. J’aime le geste du pinceau à lavis, les courbes qu’il dessine, le trait qui s’affine ou s’épaissit selon la pression.
Il y a eu beaucoup, beaucoup de ratages : des tâches, des bavures, des membres disproportionnés, des corps trop rigides,… Mais le plaisir de dessiner est toujours plus important que le résultat. J’entends toujours les mots de ma tante : « surtout ne pas chercher à faire du beau ».
On a travaillé toute la journée sur des poses globalement courtes (15 minutes maximum, il me semble), et avec différents outils : pinceau lavis, stylo-pinceau, stylos à encre plus ou moins fins, plume, cola-pen (un ustensile artisanal plutôt amusant fabriqué à partir d’une canette)… On a ainsi varié les techniques et exploré l’encre sous toutes ses coutures. À certains moments, il fallait changer plusieurs fois d’instrument au cours d’une seule et même pose. Le résultat était toujours inattendu, jamais inintéressant !
Je suis sortie lessivée de cet atelier. C’était une fatigue satisfaisante ! J’étais très contente de ma journée, néanmoins convaincue de n’avoir fait que du moche. Et puis en reprenant mon carnet, quelques jours plus tard, j’ai trouvé que certaines esquisses n’étaient pas si mal. Voilà pourquoi j’ai décidé de partager cette expérience avec vous. Je vous laisse donc découvrir une petite sélection du travail de cette journée !
Note : L’atelier était animé par Sébastien Brunel, dessinateur, peintre et graphiste — jetez un œil à ses dessins de nu, ils sont incroyables !
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