Brouillard de laine
Date de publication
10 mars 2023
Temps de lecture
1 minutes
Thématique
Billet d’humeur
Je pratique régulièrement l’écriture libre. Je prends un carnet, un crayon de papier — on m’a dit que le bois était le matériau du foie, là où se nichent les émotions — et je trace les mots qui me viennent. Le but n’est pas de composer quelque chose de beau ni de sensé, mais simplement de décharger son esprit. Et c’est très efficace ! Le texte qui suit est né de ce processus. Ce matin-là, j’étais sacrément embrumée…
Il m’arrive d’être envahie par l’incertitude et la peur. Je ne sais plus, alors, si ce que j’entreprends à un sens. Mon mental se transforme en éponge à négativité. Je prends tout ce qui ne va pas et j’en fais des pelotes de laine, dans un joyeux camaïeu de gris et de noir. Je doute de tout, en particulier de moi. Je me dis que, peut-être, tout ce travail ne sert à rien. Que ça ne va pas plaire. Que je ne m’y prends pas de la bonne manière. Est-ce parce que je vais parfois à rebours des conseils qu’on me donne ? Est-ce la frustration que tout n’aille pas aussi vite que je le voudrais, parce que je n’arrive pas à faire tout, partout, et en même temps ?
Ça fait du bien de l’écrire, dénouer ce brouillard de laine avec des mots. J’ai l’impression de me délasser la main et le cœur. Peut-être que je refermerai ce carnet plus légère. Il fait frais, j’ai laissé la fenêtre ouverte pour sentir le souffle glacé de janvier. C’est agréable. Je devine, au fond de moi, cette force qui me fait toujours rebondir. Une flamme qui parfois m’envahit de trop d’optimisme, parfois crépite si discrètement qu’elle se fait oublier.
À mesure que les lignes se remplissent, ma main se laisse embarquer. Elle va de plus en plus vite, elle est de plus en plus confiante. Comme si elle se souvenait que oui, bien sûr, elle sait écrire. Elle est capable de composer librement des phrases qui ont un sens. Qui peuvent être belles. Qui peuvent être lourdes. Mais lorsque c’est le cas, elle sait les retravailler, chercher des synonymes, changer la tournure.
Ça y est, j’ai l’impression que dans mon corps, les muscles se réveillent. Des petites tensions, à droite et à gauche, qui me rappellent de prendre soin de moi. Des courbatures, dans la nuque et en bas du dos, qui m’incitent à bouger. Je crois que malgré le brouillard de laine, aujourd’hui sera une belle journée. Et peut-être que de ces pelotes, je devrais faire de jolis tricots.
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